Le corset à travers les âges

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il y a 5 ans
Avec la royauté disparut la mode des corps piqués serrant la taille. La révolution française engloba dans ses réformes toutes les parties du vêtement ; les corps à baleines ainsi que les paniers, l'habit à la française et les perruques furent radicalement supprimés.

Les prérogatives des corporations disparurent en même temps ; les tailleurs de corps qui, lors de la fondation de la corporation des couturières, avaient conservé le privilège de confectionner tous les vêtements ajustés et qui, pour cette raison, faisaient les robes de la cour, ne reparurent plus après le rétablissement du calme dans les esprits . La simplicité dans le vêtement des femmes remplaça le luxe effréné des dernières années du règne de Louis XV et du règne de Louis XVI et le directoire adoptant les modes antiques, on vit apparaître une modification des bandelettes grecques à laquelle on donna le nom de zona . Cette ceinture se portait sur la robe, plus haut que la zona antique ; ses bords supérieurs étaient légèrement évasés sur le devant afin de recevoir la partie inférieure de la poitrine.

Cette ceinture fut bientôt remplacée par un corset plus commode et serrant modérément la taille, il était dépourvu de baleines.

Sous le consulat, le vêtement dit " à la républicaine " tend à être abandonné ; le costume grec a déjà fait son temps et les " incroyables " font leur apparition ; il est juste de dire qu'elle fut de courte durée.

Mme D'Abrantès rapporte qu'elle vit, dans un bal de l'année 1800, une femme portant " un corset bleu, de velours ou de satin, la jupe en crêpe blanc sur une mousseline blanche, bordée de deux rouleaux de ruban... " . Ce crêpe et cette mousseline indiquent bien que les vêtements étaient plus que légers, ce qui, avec le décolletage très accentué, donnait aux femmes, un aspect très... déshabillé. la mésangère critique très spirituellement cette mode dans la conversation qu'elle fait tenir entre un couturier à la mode et une provinciale :

" citoyen, j'arrive de mon département. Indiquez-moi la mode afin que je m'y conforme.

-madame, c'est fort aisé : en deux minutes, je vais vous y mettre, si vous le voulez.

-très volontiers.

-ôtez-moi ce bonnet.

-le voilà. -ôtez-moi ce jupon.

-c'est fait. -ôtez-moi ces poches .

-les voici.

-ôtez-moi ce fichu, ce corset , ces manches.

  • est-ce assez ?

-oui, madame, vous voici actuellement à la mode, et vous voyez que ce n'est pas bien difficile, il suffit de se déshabiller. "

on vit, vers la même époque, une mode nouvelle, celle des paillettes, mais elle tomba bientôt dans l'exagération, aussi donna-t-elle lieu à la chanson suivante : paillette aux bonnets, ... etc.

Au commencement du siècle, les corsets des femmes élégantes étaient très courts du haut, et les épaulettes très étroites. En avant, ils s'arrêtaient au-dessous de la poitrine, en arrière, ils laissaient libres les deux tiers des épaules, mais au bas, ils étreignaient le ventre et les hanches.

Vers 1810, le corset à la Ninonfaisait fureur ; le busc seul maintenait la rigidité du corset.

Dans un petit poème en trois chants, intitulé l'art de la parure ou la toilette des dames / 1811 / , on vante le talent du célèbre faiseur d'alors : viens, Leroy, viens ; écoute et suis mes lois... etc. Dans le 3 e chant où l'auteur traite : " des vertus et des qualités essentielles au coiffeur et autres artistes de la mode " , il énonce les qualités suivantes comme étant celles du parfait fournisseur : calme des sens, respect, discrétion, patience et exactitude .

Ce Leroy, dont il est parlé ci-dessus, était le maître de la mode, c'est lui qui habillait l'impératrice Joséphine ; ce fut aussi de ses ateliers que sortirent les vêtements que Napoléon envoya à Marie-Louise d'Autriche, sa seconde femme, avant son entrée en France.

Vers la fin du premier empire, les corsets étaient devenus presque aussi courts du bas que du haut.

Le busc arrivait à peine au-dessus de l'ombilic, le bord inférieur, échancré suivant le contour supérieur de la hanche, se prolongeait en arrière jusqu'au milieu des reins sur lesquels il était maintenu par les baleines des oeillets ; en haut, les goussets arrivaient au tiers de la poitrine qui se trouvait cependant soutenue par un baleinage serré, à la fois souple et résistant ; des baleines obliquement placées de bas en haut et de dedans en dehors, maintenant l'écartement des seins, reçurent le nom de " divorces " . Sur les côtés, le corset n'avait guère plus de 10 à 12 centimètres de hauteur et portait un montant vertical très simple composé de baleines minces et étroites.

Un auteur nous apprend qu'un autre grand faiseur, Lacroix, dont la renommée était universelle, ajoutait au corset un petit coussin, recouvert de taffetas blanc, qui s'attachait par derrière pour donner à la taille un aspect plus cambré ; l'écrivain ajoute que les élégantes, ne reculant pas devant le prix de cent francs relativement élevé pour l'époque, accouraient en foule chez Lacroix.

De 1815 à 1830, les corsets furent graduellement rallongés du haut au bas. Les goussets de gorge emboîtaient la poitrine, ceux de la hanche descendaient très bas ; mais les montants latéraux s'arrêtaient à la hanche. Le baleinage était résistant, l'étoffe presque toujours double, enfin le busc ordinaire long et épais. Ce corset, trop dur et trop lourd, se complétait par de larges épaulettes.

Charles X fut un ennemi des corsets trop serrés et des tailles fines. " il n'était pas rare autrefois, dit-il, de trouver en France, des Diane, des Vénus, des Niobé, aujourd'hui, on n'y rencontre plus que des guêpes. " c'est vers 1820 que l'industrie du corset, languissante depuis la fin de la révolution, prit un véritable développement. à partir de ce moment, de nombreux perfectionnements furent apportés aux corsets et à leurs accessoires ; en 1842, apparut un nouveau corset, dit à la paresseuse , qui différait un peu de ceux des époques antérieures ; il prenait mieux la taille, la gorge et les hanches, était plus agréable à porter et un nouveau mode de laçage, à la paresseuse, y était adapté.

Ce corset, après avoir subi de nombreuses modifications de hauteur et de longueur, est parvenu jusqu'à nous. Depuis lors, le mouvement est donné, la taille devient, à juste titre, une des plus grandes coquetteries féminines.

Pendant les vingt années du second empire , les corsets, quoique de plus en plus confortables, ne subissent que très peu de modifications ; les élégantes, imitant l'impératrice Eugénie dans la façon de s'habiller, étaient obligées de copier, pour ainsi dire, la taille de la souveraine ; de là, la mode de la taille dite courte . Cette expression n'est pas exacte, car la taille, à cette époque, différait beaucoup de celle que l'on se faisait sous le premier empire ; les corsets que l'on portait sous le règne de Napoléon III s'adaptaient parfaitement à la taille naturelle, c'est-à-dire au bas des côtes, mais ils étaient très échancrés du haut et courts du bas, ils laissaient de la sorte les épaules tombantes et les goussets ne remontant pas la poitrine, la taille était moins élevée. Pour distinguer cette mode de celle du premier empire, on devrait plutôt l'appeler la taille basse , car elle n'avait rien de commun avec la taille courte du commencement du siècle, puisque les corsets se portaient au-dessous des seins et donnaient un tout autre aspect au costume d'alors .

Après les événements de 1870, la mode manque d'orientation, on tâtonne pendant deux années, et vers 1873, on voit la taille longue qui amena l'usage du corset-cuirasse armé de ce fameux et hideux busc-poire qui ne servait à rien, n'applatissait rien et donnait au corset un aspect orthopédique qui enlève toute élégance féminine. Comme il n'est pas de mode sans exagération, on allonge la taille de plus en plus et l'on arrive bientôt à avoir la taille tellement longue que les petites femmes sont tout en buste et n'ont presque plus de jupe / planche XIII /.

Depuis deux années environ, on a cessé d'allonger la taille sans pour cela revenir à la taille courte ; on ne s'occupe en ce moment que d'une chose, supprimer, autant que faire se peut, la cambrure du devant qui fait ressortir le ventre d'une façon abominable. Je suis loin de critiquer cette mode qui a vraiment une raison d'être à condition bien entendu de ne pas aller jusqu'au grotesque. Depuis un an, la mode empire a fait son apparition ; je dois dire qu'heureusement pour nos élégantes, elle a été de courte durée ; pendant son soi-disant succès, on a passé en revue tous les styles : le grec, le moyen âge, la renaissance, le Henri II, le Henri III et le Louis XIII.

Cette résistance à ne pas adopter cette mode nous démontre suffisamment combien les femmes tiennent à l'élégance de leur taille. Donc l'empire est enterré, j'espère à tout jamais ; on est en ce moment au 1830, bien plus avantageux pour la taille ; la crinoline reparaît et avec elle, il est facile de prévoir le retour au Louis XV et au Louis XVI.

Ayant étudié à fond, comme ce livre le prouve, tous les changements que le corset a subis depuis le commencement des siècles, il nous importe peu que la taille soit courte, basse ou longue, nous nous mettrons toujours au diapason de la mode et nous nous efforcerons de la guider afin d'éviter toute exagération ridicule ou funeste à la santé.

Le corset tel qu'on doit le porter.

Comme je l'ai annoncé dans mon avant-propos, je vais, pour terminer cette brochure, envisager le corset au point de vue médical ; cette question de l'hygiène de la femme a fait couler depuis deux siècles, des flots d'encre ; aussi, pour faire oeuvre utile, je transcrirai simplement l'avis des écrivains et des docteurs qui ont traité ce sujet et j'y ajouterai quelques considérations sur le corset actuel et sur les qualités qu'il doit réunir au double point de vue de l'hygiène et de l'esthétique.

Dans le dictionnaire de la conversation , le Dr Vincent Duval, orthopédiste distingué, donne ainsi qu'il suit son opinion sur le corset : je suis journellement consulté pour des jeunes filles ayant de légères déviations vertébrales, et auxquelles je conseille simplement un corset à tuteurs latéraux. L'emploi de cet appareil rétablit toujours la taille dans sa rectitude normale. Il suffit de ces corsets pour diriger et maintenir les épaules et entraver les mouvements désordonnés.

.. si le Dr Duval conseille les corsets, le Dr Bouland est plus affirmatif ; d'après lui on ne doit pas seulement les conseiller, on doit les prescrire , c'est son mot, " car dans beaucoup de cas, dit-il, ils remplissent des conditions impérieusement réclamées par l'hygiène " .

l'encyclopédie du XIX siècle donne, à l'article corset, les conclusions suivantes : si l'abus des corsets a été quelquefois suivi d'accidents, leur usage, méthodiquement dirigé, peut, en revanche, devenir un moyen puissant d'action efficace dans une foule de cas : pour les jeunes filles ayant déjà contracté de mauvaises attitudes, l'usage prolongé d'un corset élastique bien entendu suffit souvent pour corriger la tenue disgracieuse ; une inclinaison sur l'un ou l'autre des côtés, ou bien encore en avant ou en arrière, trouve également un remède dans l'application constante du corset. l'encyclopédie moderne prétend que " le corset actuel n'a rien de commun avec le corset ancien, pas même le nom, puisque corselet et corps étaient les termes employés " .

Le rédacteur de l'article consacré dans cet ouvrage au mot corset ajoute que quelques corsetières parisiennes sont parvenues à faire un objet d'art d'une incomparable souplesse, qui facilite les mouvements du corps au lieu de les gêner et donne à la beauté de la femme cette pureté de lignes qui séduit et charme le regard.

De la plus récente publication du genre d'ouvrages que je passe en revue pour montrer l'uniformité des témoignages à l'égard de l'utilité incontestable du corset, de la grande encyclopédie , encore inachevée, j'extrais ces lignes concluantes : à un certain moment de l'adolescence, la jeune fille manque de maintien... etc. Cette étude est signée du Dr Collineau, le rédacteur scientifique de la grande encyclopédie .

Je continue ces citations par l'avis du Dr Bouvier qui résume ainsi qu'il suit la " question du corset.

1 l'histoire de l'habillement des principaux peuples de l'antiquité fait voir que le besoin d'une pièce de vêtement contentive, plus ou moins serrée autour du tronc, chez les femmes, s'est fait sentir dans les temps anciens, comme dans l'Europe moderne.

2 autrefois, comme de nos jours, les femmes ont été disposées à outrer cette constriction circulaire, au détriment de la santé.

3 dans l'histoire de la civilisation moderne, on voit tour à tour, après l'abandon de la tunique ample des dames romaines, la taille simplement marquée par des corsages justes au corps, puis renfermée et comme étreinte dans des espèces de cuirasses appelées corps à baleines, et enfin de nouveau dessinée et contenue par les corsets, dernière forme de ce vêtement spécial.

4 bien que l'emploi inconsidéré des corsets puisse déterminer à peu près les mêmes accidents que l'usage des corps, ils n'ont pas d'effet nuisible quand leur construction et leur application se font d'une manière convenable.

5 c'est à tort que l'on a attribué uniquement à l'influence des corsets le resserrement de la partie inférieure du thorax, resserrement normal, jusqu'à certaines limites, dans les deux sexes, et sujet à varier par d'autres causes que par la constriction qu'exerce ce vêtement. L'examen comparatif que j'ai fait d'un grand nombre de sujets tend à démontrer que les corsets ne produisent que dans des cas exceptionnels un rétrécissement permanent de la base de la poitrine.

6 on a avancé sans preuves que l'usage des corsets était une cause fréquente de déformation de la colonne vertébrale .

7 non seulement des motifs déduits de l'esthétique et de la destination sociale de la femme doivent engager le médecin à permettre l'usage des corsets, sauf les restrictions indiquées par l'observation de leurs effets immédiats ; mais, en outre, il est diverses circonstances, telles que le volume des seins, le relâchement ou la distension de la paroi musculaire de l'abdomen , la voussure habituelle du tronc, la déviation latérale du rachis, qui indiquent formellement l'emploi de cette sorte de bandage, soit comme moyen hygiénique, soit même pour aider à la guérison de certaines lésions.

Dans son beau travail sur l'art dans la parure et le vêtement , Charles Blanc, critique d'art et graveur, frère du célèbre historien, s'occupe de la femme en artiste et en esthéticien. Comme effet obtenu, comme résultat acquis, il ne sépare pas le corsage du corset : cacher et montrer , ou plutôt laisser deviner et laisser voir, ce sont les deux objets du corsage ; mais il ne faut pas oublier que souvent ce que l'on cache est justement ce que l'on veut montrer.

Il conclut en ces termes : le corset est d'une importance capitale parce que la femme avoue la grâce de son corps jusqu'à la ceinture et que, si son buste présente quelques défauts, elle peut les atténuer en trompant les regards par une coupe savante.

Dans le dictionnaire universel du XIX siècle de Larrons, on fait comme suit l'éloge du corset : depuis une vingtaine d'années, soixante-dix brevets d'invention ont été pris pour la fabrication des corsets... etc.

Je ne pourrais mieux faire ressortir les efforts que l'industrie du corset a tentés pour unir l'art et la science dans un travail absolument parfait.

Mais je dois constater que les lignes précédentes datent de plus de vingt années et tout le monde sera d'accord avec moi pour constater que, depuis cette lointaine époque, dans toutes les branches de son activité, l'industrie parisienne a marché à pas de géant et a accompli de véritables prodiges.

Je ne veux pas ennuyer plus longtemps mes lectrices par des extraits, déjà trop nombreux d'ouvrages connus de tous, mais je crois utile de reproduire un passage consacré aux corsets dans le spirituel bréviaire de la vie élégante, l'art de la toilette . Violette nous y dépeint très exactement le rôle de la corsetière : préparant l'oeuvre du couturier, la corsetière fait de la femme, vivante statue taillée par la nature, la statuette aux gracieuses fragilités, aux formes de convention, mais si séduisantes, vraie besogne du sculpteur qui, dans toute époque élégante, a tenu une bien large place dans l'art de la parure.

Ah ! Le corset ! Comme elles en prenaient souci, nos belles aïeules du XVIII siècle ! Vous rappelez-vous cette corsetière spirituelle du vieux Paris, dont l'enseigne centenaire gardait cette si juste définition inscrite au dessous d'un joli corset de satin ? Contient les forts, soutient les faibles, ramène les égarés. L'opinion personnelle de quelqu'un qui paraît plaider sa cause peut être quelquefois négligée ; aussi j'ai pris, pour faire triompher la mienne, les auteurs, et ils ne sont malheureusement pas nombreux, qui ont été appelés à traiter la question du corset au point de vue médical et technique.

L'an passé, un journaliste parisien refaisait l'article, tant de fois imprimé, sur les dangers attribués, par des docteurs pessimistes, à l'usage du corset.

Après avoir enregistré ces attaques qui ressuscitaient une vieille querelle et qui ne s'adressaient qu'aux corsets des temps préhistoriques par rapport à la mode qui ne songe déjà plus aux choses d'hier, les trouvant toujours surannées, le journal mondain par excellence, le figaro , désirant l'avis d'une personne compétente, me fit l'honneur de s'adresser à moi. C'est pour cela que j'ai pu écrire dans le numéro du 1é août 1890, avec toutes les chances de n'être pas démenti : " le corset de nos jours n'est plus une prison, comme on disait jadis, mais une agréable maison de retraite qu'on sait singulièrement embellir et orner, et s'il était funeste au développement du corps ou au fonctionnement des organes qu'il enveloppe, les médecins devraient le proscrire ; or, tout au contraire, ils le prescrivent et nombre de clientes nous sont quotidiennement envoyées par les docteurs les plus connus. Oui, le corset actuel, mais le corset bien fait, entendons-nous, est indispensable pour faire ressortir l'élégance de la taille, et en dehors de la question d'esthétique, si importante qu'elle n'a pas besoin d'être traitée ici, le corset est appelé à combattre les dispositions qu'ont les jeunes filles à garder une position nuisible à leur santé.

Il est vrai que, dans ce cas spécial, le corset doit maintenir les épaules, les rejeter en arrière et faciliter le développement du thorax. " qu'il me soit permis maintenant de terminer, dans l'intérêt de mes lectrices, par un résumé des qualités que doit remplir un corset pour être absolument parfait.

Ne voulant pas être taxé de partialité, j'emprunte au Dr Bouvier ces dernières lignes qui serviront de conclusion à mon travail. " un corset qui mérite véritablement ce nom doit être confectionné de manière à ne pas comprimer les parties du corps avec lesquelles il est en contact ; il ne doit affecter aucun des principaux organes de la vie. Un corset qui possède les qualités requises est convenablement lacé, sa pression, partout modérée, est surtout affaiblie vis-à-vis des organes les plus sensibles ou les moins résistants, sa laxeté ou son extensibilité sont telles, qu'il ne mette obstacle, ni au mouvement des côtes et de l'abdomen dans la respiration, ni à l'ampliation de l'estomac et de l'intestin dans la digestion, il est assez évasé du haut pour soutenir les seins sans les comprimer ;

Les épaulettes en sont assez lâches et d'une substance douce et élastique, ou même on les supprime entièrement ; les entournures sont assez largement échancrées ; les baleines ou les ressorts d'acier, fixés entre les doubles de l'étoffe et destinés à lui conserver sa forme, à l'empêcher de remonter, de se plisser, et de faire corde , sont assez peu nombreux, assez minces, assez flexibles, assez bien placés, pour ne faire sentir leur pression nulle part et pour ne point entraver les mouvements ; le busc est souple, léger, d'une courbure convenable, et mieux encore, il est remplacé par deux baleines étroites, séparées par un tissu élastique, enfin le corset tout entier, embrassant la circonférence du bassin, trouve autour des hanches un point d'appui solide, suit la direction naturelle des flancs, sans être trop pincé à leur niveau et marque la taille sans la contrefaire, selon l'expression de Jean-Jacques Rousseau. " c'est ainsi que l'usage du corset, intelligent et bien dirigé, ne peut avoir qu'une influence salutaire sur la santé de la femme qui doit être aussi précieuse à ceux qui l'habillent qu'à ceux qui l'admirent.

On me pardonnera cette longue causerie, car il est utile de parler de ce que l'on a étudié et de contribuer, chacun dans sa modeste sphère, à l'édification de tous ; c'est d'ailleurs en corsetier, non en écrivain et sans prétention aucune, que j'ai écrit ces quelques pages, et si je me consolerai facilement d'avoir fait une brochure imparfaite, nous ne nous consolerions jamais, ma femme et moi, si nous voyions sortir de nos ateliers un corset qui ne soit rigoureusement établi d'après les règles de l'esthétique et de l'hygiène féminine.

Ernest Léoty

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